En vérité.

J’aurais dû commencer ce blog par ce billet. Et je ne l’ai pas fait.

Pendant des années, j’ai été le pire des sexistes, objétisant sexuellement et maltraitant, participant à l’édification, brique après brique, du mur de la  mysoginie et de la violence envers les femmes.

Il y a quelques mois, j’ai rencontré une personne exceptionnelle qui m’a appris à réfléchir par moi-même, à m’interroger, à développer mon esprit critique. Et surtout qui m’a fait prendre conscience que j’étais un agresseur sexuel. Que tout ce que j’étais contribuait à entretenir la violence envers les femmes en particulier.  Elle m’a montré la voie que je veux suivre. La seule que j’aurais dû savoir emprunter seul, depuis toujours, par simple évidence de valeur morale.

Je me hais de n’avoir pas choisi d’être sain, évidemment sain, depuis le début de ma vie.

Je suis en colère contre moi-même et je voudrais utiliser cette énergie là positivement pour réparer tout ce que je pourrai réparer.

Pourtant, aujourd’hui, il m’arrive encore parfois d’avoir des relents de sexisme qui continuent de détruire. Comme des nausées crasses qui viennent pourrir mon entourage.  Comme quand je souris, il ya quelques semaines,  d’un ami qui me dit qu’il va amener une cassette de Bigard à une soirée alors qu’il sait mon passé sexiste. Pire, quand je le redis à une victime de violence sexuelle en en souriant. Comme quand je distingue matage et désir..

Je déteste voir que je ne suis pas encore le féministe que je voudrais être. Mais je sais aussi que juste me haïr n’effacera jamais le mal que j’ai fait à toutes ces personnes et, en particulier,  à celle dont je me sens si proche.

Je voudrais dire à quel point ce blog et d’autres actions que je veux mener sont  importantEs  pour moi car c’est du côté des victimes que je veux me ranger aujourd’hui. Uniquement de celui-là. En espérant faire un peu de bien.

J’ai subi de la violence sexuelle mais rien ne justifie de l’avoir reproduit.

Aujourd’hui, je veux réparer  ce que j’ai fait.

Et je souhaite surtout présenter mes excuses aux personnes qui liront ce billet et se sentiront trahiES car ça n’a pas été ma volonté. J’espère qu’elles voudront bien croire en ma sincérité.

5 Réponses to “En vérité.”

  1. Que dire d’autre que merci? J’en connais quelques uns (toujours trop peu, hélas…) qui, comme vous, ont décidé de regarder la réalité en face.
    C’est une libération, une nouvelle vie qui commence, plus riche, plus épanouissante, mais aussi moins “confortable” car les injustices de tout ordre vous sautent aux yeux.
    Peut-être serez-vous aussi la rencontre déterminante pour d’autres?
    Amicalement.

  2. Merci Lora pour votre commentaire. Cela me touche.
    Et j’espère, un jour, à mon tour, être déterminant pour provoquer le changement nécessaire.

  3. nananimp Says:

    Bonsoir,

    un petit mot d’encouragement:

    Je suis vraiment touchée par votre remise en cause. Le féminisme n’a rien de naturel et tout nous pousse à nous en éloigner. C’est donc un long cheminement de prise de conscience et de remise en cause. Moi même alors que j’ai toujours été consciente des inégalité entre hommes et femmes, j’ai mis un certains temps à me revendiquer féministe (tant le terme est diabolisé). C’est donc tout à fait touchant qu’un « dominant » à priori peu ouvert puisse changer du tout au tout comme vous le faites. En tout cas ça me donne beaucoup d’espoir.

    donc voilà bon courage pour la lutte et j’espère que cela vous ouvrira plein d’horizon et de plaisirs plus subtils que celui de la domination!

  4. @nananimp.
    Merci pour votre mot. Je souhaite préciser toutefois que ma démarche n’a vraiment rien de « glorieux » et ne mérite aucun « bravo ». Je ressens beaucoup de colère vis à vis de moi-même pour tout le mal que j’ai produit toutes ces années. Ce blog n’a pas pour but de « m’afficher ». Je pense surtout aux victimes et à leur souffrance à laquelle j’ai participé et je voudrais simplement essayer d’inverser les choses en leur faisant un peu de bien j’espère.

  5. Phallocrime Says:

    Je me reconnais complètement dans tout ce que tu dis, même si mon cas est un peu différent. En ce qui me concerne je suis encore très jeune mais j’ai longtemps eu des comportements sexistes, rabaissants pour les femmes, tout en affirmant un antisexisme de pur principe mais sans jamais l’appliquer. Ça a très mal fini, lorsque je me suis installé avec ma copine je me suis montré méprisant avec elle, violent, je me suis mis à la frapper, à la traiter comme une femme-objet. Fort heureusement elle a fini par ne plus le supporter et elle est partie, tout en ayant le courage et la générosité de me mettre le nez dans ma merde et de me pousser à m’en sortir. Et peu à peu j’ai vu qui j’étais, comment je me comportais avec elle, et en quoi malgré mes belles paroles j’étais un pauvre connard bien plus sexiste encore que la plupart des gens que je critiquais.
    Ça fait 3 mois maintenant que j’ai commencé à voir qui j’étais, ça n’a pas été facile, si ma copine ne m’avait pas poussé, encouragé régulièrement je pense que je n’aurais pas pris conscience de tout ça. Aujourd’hui j’ai toujours du mal à réaliser la portée de mes comportements, moi aussi ça m’arrive encore d’avoir des pensées, des actes sexistes, méprisants. Et je m’aperçois qu’autour de moi beaucoup de gens que je respectais et que je considérais comme parfaitement clairs à ce niveau là ont eux aussi certains comportements sexistes, parfois graves, sans même s’en rendre compte.
    Alors bravo pour ton blog, en espérant que ça fera réfléchir des gens, que ça permettra de faire évoluer les mentalités. Le sexisme est tellement normal que personne ne s’en rend compte, mais tout le monde le subit, hommes ou femmes…

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